Je travaille dans la branche de la sécurité. Mes horaires, conditionnés par le travail par roulement, ne sont pas aussi réguliers qu’à l’armée.
Dans ma vie privée, seuls les répétitions avec la société de musique et le temps que je consacre à m’entraîner chez moi apportent un peu de régularité à mes semaines. Pour le reste, j’essaie de passer le plus de temps possible avec mes amis et ma famille.
J’ai été convoqué par le centre de recrutement de Mels. J’étais l’un des plus âgés et j’ai eu le plaisir d’y faire beaucoup de nouvelles rencontres.
La plupart des recrues venaient, comme moi, du canton de Schwyz. Nous souhaitions pour la plupart être incorporés dans une fonction proche de nos centres d’intérêt respectifs.
Entouré d’animaux depuis toujours, je voulais par exemple devenir conducteur de chien pour être à leur contact et les éduquer. Cependant, je n’avais pas imaginé devoir suivre un cours pour pouvoir accéder à cette fonction.
Par mon deuxième choix, la fonction d’automobiliste, j’ai été recruté comme soldat de la circulation, ce qui m’a particulièrement plu, car j’ai pu ainsi passer le permis moto.
Il s’est assez bien passé, car je dirais que je suis quelqu’un d’ouvert. Je n’ai aucun mal à aller vers les autres et à m’intégrer dans des groupes.
Il faut souligner aussi que les cadres ont été serviables dès les premiers jours. Nous pouvions nous confier à eux en cas de problème.
Cela a sûrement aidé. Nous avons vite compris que ce n’était qu’en groupe que nous pourrions réussir et nous nous sommes toujours soutenus mutuellement. Pour être franc, j’avais sous-estimé cet aspect. Je pensais que l’armée exagérait un peu, mais force est de constater que l’esprit de camaraderie a été vraiment grandiose. Nous formions un groupe très soudé, capable de se faire confiance aveuglément.
Après deux semaines, nous avons pu rentrer chez nous pour la première fois, et déjà le vendredi. Une nuit de plus à la maison, cela fait une grande différence quand le trajet est d’environ deux heures et demie entre Monte Ceneri et mon domicile. Le premier week-end, j’ai d’abord rattrapé trois heures de sommeil, puis passé du temps avec mes amis et ma famille.
L’un de nos exercices de conduite prévoyait de parcourir la distance séparant Monte Ceneri de Lugano à moto. Malheureusement, la pluie s’est invitée dès les premières secondes de notre périple.
Lors d’une halte, j’ai pu retirer mes bottes pour les vider. Elles étaient remplies d’eau. À un moment ou à un autre, même la meilleure protection imperméable atteint ses limites. Nous l’avons appris à notre grand dam.
Mais cet exercice a eu aussi des avantages, car il nous a permis pour la première fois de prendre vraiment conscience des nombreux dangers de la circulation routière. Il faut faire extrêmement attention à tout, par exemple aux plaques d’égout en fonte, surtout lorsqu’elles sont mouillées. Ne rouler que par beau temps est un privilège que nous n’avons pas à l’armée. Au bout du compte, cet exercice a eu aussi une haute valeur pratique.
Quand je pense à mon ER, il me revient tout de suite en tête la première sélection moto. Les motos de l’armée sont particulièrement lourdes, 320 kilos, avec un centre de gravité assez haut. Nous étions nombreux, moi le premier, à n’avoir jamais conduit de moto avant l’armée.
Nous avons commencé tout doucement, avançant par saccades. Puis, l’instruction intensive et qualitative aidant, nous avons pu exercer pleinement notre fonction et, par exemple, escorter des convois de blindés et les amener à bon port. Tout le long du trajet, il faut être à son affaire et ne pas hésiter parfois à dévisser un panneau de signalisation pour éviter qu’un char ne l’emporte.
Les marches ont aussi été des moments forts. Pour qui est stationné à Monte Ceneri, il n’y a qu’une seule possibilité, crapahuter dans les hauteurs.
La fin de l’ER n’a pas été si simple, car l’on est très proche des camarades avec qui l’on a passé les dernières semaines. Mais je suis certain que je reverrai nombre d’entre eux.
L’organisation est primordiale, j’ai pu l’apprendre à l’ER et je l’appliquerai certainement dans ma vie privée pour mieux structurer mes journées. Je suis devenu plus calme et plus équilibré. J’ai d’ailleurs remarqué que je peux ainsi influencer positivement les gens autour de moi, surtout en situations de stress et c’est déterminant.
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